Travail du pédalier

Je suis régulièrement interrogée sur des méthodes (livres ou façons de s’y prendre) pour jouer du pédalier. Voici quelques conseils en vrac dans un premier temps :

 

  • Il y a bien entendu la méthode de pédalier de Marcel Dupré qui a fait ses preuves.
  • Je conseille également les écrits de Lemmens qui sont progressifs en difficulté (en commençant par le 2ème volume qui introduit les pieds).
  • La musique française baroque (Couperin, Guilain, Marchand, etc.) permet de jouer un peu de pédale pas trop complexe puisqu’en France aux 17ème et 18ème siècles les pédaliers étaient très petits et ne permettaient que l’usage des pointes.

  • Pensez également aux trios de Rinck : attention, le trio, c’est ce que l’on fait de plus difficile à l’orgue parce qu’il faut 3 cerveaux en parallèle, on ne peut pas les aborder tout de suite. Mais pour commencer le trio, ce sera tout de même plus abordable que ceux de Bach (qui devront être l’objectif à moyen terme toutefois !).

Je conseille toutefois de toujours commencer avec un professeur qui puisse regarder vos gestes et ne pas vous laisser prendre de mauvaises habitudes qui seraient ensuite bien pénibles à modifier !

Ma méthode personnelle est de faire comme les aveugles : on ne regarde jamais ses pieds, jamais ! On doit jouer les notes de proche en proche, ou en calant un pied sur l’autre dans le creux du pied (donc en jouant un pied un peu décalé par rapport à l’autre lorsqu’ils jouent sur des notes adjacentes), on doit savoir se déplacer d’une tierce, d’une quarte ou d’une quinte en direct avec le même pied.

Lorsque tout cela ne suffit pas (intervalle plus grand, perte de repère en cours de route), reste à tâter légèrement le bord des dièses : on doit savoir à peu près où l’on est (dans un espace mi-fa ou dans un espace si-do) et donc on a à gauche le ré ou le la, et à droite le sol ou le ré de nouveau. On repère donc les mi, fa, si et do « directement en se mettant dans les « trous de dièses » correspondants, puis les ré par 2 méthodes possibles (droite ou gauche, selon ce qui nous fait le moins bouger), les sol par la droite des fa et les la par la gauche des si.
Les touches noires sont faciles à repérer au tâter puisqu’elles sont en relief (et pour sa part, le sol# est à gauche du la# ou à droite du fa#).

Ces tâtonnements seront faits dans les cas où les méthodes « directes » ne fonctionnent pas afin d’éviter de tâter partout et de perdre trop de temps (mais à force, mes chaussures d’orgue sont toutes usées sur les bords quand même !). Chaque pied doit aussi mémoriser ce qu’il a joué avant (ils sont souvent alternés) et repérer sa nouvelle note en fonction de sa précédente à lui.

Les pédaliers n’étant jamais standards, l’avantage d’intégrer quelques tâtonnements est que l’on se recale dès lors que l’on joue un pédalier décalé vers la droite ou la gauche par rapport à ceux auxquels on est habitué, également lorsque les touches sont un peu plus ou un peu moins écartées entre elles, ou lorsque l’on passe d’un modèle radial (évasé, modèles américains) à un modèle parallèle (modèles européens).

Il faut jouer aussi avec le bout du pied, avec les orteils (et de préférence côté gros orteil), pas avec tout le plat du pied ! On joue les dièses au bord des touches et les naturelles pas très loin des dièses afin d’éviter de trop bouger.
Et en fin, c’est la cheville qui enfonce la touche (légèrement), pas toute la jambe.

J’en reviens donc au professeur, au moins au départ… une fois que l’on a pris de bonnes habitudes, on peut continuer à progresser tout seul.